« Dans une galerie souterraine du centre hospitalier Sainte-Anne, dans le XIVe arrondissement de Paris, une centaine d’œuvres d’artistes-patients et d’artistes contemporains offrent l’occasion de s’interroger sur les représentations de la Maison dans l’imaginaire individuel et collectif, et plus largement, sur l’histoire contemporaine de la psychiatrie à travers le processus de création et de production artistiques.
Le 22 avril 2022, nous sommes allés visiter avec la classe BTS TC 2 de la Faculté des Métiers d’Evry, le musée de l’hôpital Sainte-Anne à Paris. L’hôpital Sainte-Anne est un site du groupe hospitalier universitaire Paris psychiatrie et neurosciences, spécialisé en psychiatrie, neurologie, neurochirurgie, neuro-imagerie et addictologie. Les premières pierres de cet établissement sont posées en 1651 sous l’impulsion de la reine Anne d’Autriche, dont il prendra le nom, et demeure en France, avec l’hôpital Esquirol à Saint-Maurice, le symbole des institutions de soins psychiatriques. Il est aussi le premier hôpital à avoir mis en place des ateliers d’art-thérapie artistique et à avoir reçu le statut de musée, avec de nombreux artistes au sein des patients qui y ont séjourné et des artistes contemporains qui travaillent en collaboration avec celui-ci. Sur place, nous avons rencontré Margaux Blondel qui est en charge de l’action culturelle du musée et des archives et qui nous a présenté ce lieu, ainsi que l’exposition temporaire. Nous avons pu contempler une sélection de différentes œuvres de la Collection Saint-Anne, d’œuvres prêtées par des artistes contemporains et écouter leurs histoires respectives. Nous avons appris de nombreuses choses sur l’histoire de cette institution ainsi que sur les réalisations de ses patients-artistes, et les méthodes qu’ils utilisaient pour réaliser leurs dessins et peintures. Certains d’entre eux, par exemple, utilisaient un matériel rudimentaire. Ils n’avaient pas accès à des pinceaux ou à des crayons de couleurs, surtout à l’époque et ils utilisaient d’autres ressources et d’autres techniques comme le stylo à bille ou plus insolites comme des médicaments dérobés à la pharmacie de l’hôpital ou encore de de l’herbe et des fleurs cueillis dans les jardins pour la couleur. D’autres encore avaient la chance de pouvoir utiliser des fusains ou de la gouache pour leurs œuvres, les rendant encore plus impressionnantes.
Une exposition humaniste, marquante et passionnante, qui invite à modifier le regard que nous portons sur l’altérité et la « maladie mentale » et à réévaluer la frontière entre le « normal » et le «pathologique » !
Des expositions thématiques sont organisées plusieurs fois par an au musée de l’hôpital. L’exposition temporaire actuelle est consacrée au thème de la maison et de ses différentes représentations, en lien avec notre programme de Culture Générale (Français). L’exposition « Maisons » se structure autour de 4 axes. Le premier, la « Maison-hôpital », aborde les représentations de l’hôpital quand il devient un espace d’habitation et de vie quotidienne, alors que le deuxième intitulé « vers la Demeure » met en scène différentes représentations de la maison et interroge sa fonction et sa dimension symbolique. Le troisième axe, « A l’intérieur de l’intime », nous fait entrer dans l’intimité de la maison en l’abordant conjointement comme un lieu de repos, de loisir ou de l’ennui, mais aussi de l’idéal, de la mémoire et du souvenir. Enfin, le dernier axe, « Rêve d’habitation », explore les lieux d’habitations imaginaires tant sous l’angle de la création-esthétique que sous celui de la catharsis, la création-résilience, à travers la recréation d’un monde idéal défiant la réalité d’une éventuelle souffrance interne et participant à la reconstruction de l’Etre à travers l’expression de l’artiste.
Parmi les différentes œuvres exposées et présentées par Madame Blondel, nous avons pu remarquer que de très nombreuses réalisations sont le fruit d’un très grand talent de dessinateur/trice, nous invitant à dépasser ainsi nos préjugés sur la différence, la maladie et les troubles mentaux, pour voir la compétence et le génie de femmes et d’hommes artistes à part entière. Certaines œuvres ressemblent, au premier coup d’oeil, à des dessins d’enfants, qui révèlent en les explorant patiemment une complexité déconcertante alors que d’autres, plus précises dans le geste artistique et la maitrise technique, nous montrent un grand niveau de détails et un sens esthétique très aiguisé. La majorité des œuvres exposées sont des dessins et des peintures, mais pas uniquement. Nous avons aussi pu observer une œuvre plastique nommée Maison de riz, réalisée par Wolfgang Laib en 1985, composée d’une structure de métal et de matériaux organiques. »
Source des images : Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Saint-Anne : © CEE-MAHHSA